Cancer du sein : le dépistage n'a pas que du bon

En ce mois d'Octobre Rose, focus sur les limites de la mammographie basée uniquement sur l'âge.

Le mois d'octobre est traditionnellement un mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein.

Se faire dépister, c'est essentiel. Cependant, la stratégie actuelle (une mammographie tous les deux ans, à partir de 50 ans) présente certaines limites. Lesquelles ? Quelles solutions pour y remédier ? On fait le point avec le docteur Jean-Benoît Burrion, chef de clinique de prévention et de dépistage de l'Institut Jules Bordet.

Le problème du surdiagnostic

Comme pour tout programme de dépistage, il y a le souci des faux positifs. "C'est le prix à payer pour trouver les vrais positifs", explique Jean-Benoît Burrion. "C'est très inconfortable pour les personnes qui participent au dépistage."

Le second problème est le surdiagnostic. "Il y a une partie des cancers qu'on trouve à l'aide de ce programme qui sont des cancers qui n'auraient pas évolué, voire qui auraient involué si on ne les avait pas trouvés."

On estime qu'un cancer sur cinq est du surdiagnostic. Cela engendre du stress pour les patientes concernées et parfois des interventions inutiles.

Les rendez-vous manqués

A ces deux problèmes majeurs, s'ajoute celui-ci : 25% des cancers ne sont pas repérés lors d'une mammographie.

Pourquoi ? Soit parce qu'ils sont trop débutants et donc peu visibles, soit parce qu'ils se déclarent entre deux dépistages.

Une étude pour un dépistage personnalisé

Afin de répondre à ces limites et de tenter d'améliorer encore un peu plus la lutte contre le cancer du sein, une étude est en cours d'élaboration.

Elle a pour titre MyPeBs (My Personnal Breast Screening), est organisée dans 6 pays, dont la Belgique, et s'étalera sur quatre ans.

85.000 femmes vont être réparties en deux groupes : l'un suivra le programme de dépistage actuel (une mammographie tous les deux ans à partir de 50 ans) et l'autre aura droit à un dépistage modulé en fonction du niveau de risque de chaque patiente.

Quatre profils de risque

"A l'heure actuelle, on dispose de suffisamment d'outils précis et fiables pour déterminer un niveau de risque", nous explique le docteur Burrion. Il y a quatre profils différents avec du coup, quatre suivis particuliers :

  • Risque faible : une mammographie tous les 4 ans suffirait
  • Risque moyen : système actuel (mammographie tous les deux ans)
  • Risque élevé : surveillance annuelle
  • Risque très élevé : surveillance tous les six mois

Chaque profil est déterminé en fonction des facteurs génétiques, des antécédents familiaux de cancer, de la constitution physiologique du sein ou du statut hormonal.

Des femmes recherchées pour MyPeBs

Si cette étude vous interpelle et que vous souhaitez y prendre part, sachez que des volontaires sont encore recherchés.

Conditions pour participer :

  • Être une femme entre 40 et 70 ans
  • Résider en Belgique, en Espagne, en France, en Israël, en Italie ou au Royaume-Uni
  • Ne jamais avoir eu de cancer du sein

La lutte contre le cancer progresse à une vitesse folle

Ce qu'il est important de savoir, c'est que les nouvelles sont bonnes concernant la lutte contre le cancer du sein.

"Il y a une diminution très importante de la mortalité par cancer du sein depuis 20-25 ans", se réjouit le docteur Burrion. "La mortalité par cancer du sein diminue chaque année de 2 à 3%, c'est énorme !"

Ces chiffres encourageants sont principalement dus aux progrès médicaux dans la prise en charge. Les programmes de dépistage y contribuent également.

Le temps de l'info : les limites du dépistage du cancer du sein
06.10.2021
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