"Le vélo m’offre vraiment un sas de décompression. En voiture, on peut avancer mais on n’y arrive pas. On nous fait des queues de poisson, on se fait insulter, on perd patience et on a l’impression de perdre notre temps. En scooter c’est mieux, quoi qu’à Paris maintenant ça devient même difficile de circuler en deux roues motorisées alors j’ai décidé de miser sur la force de mes mollets et c’est un bonheur au quotidien !" Parce qu’il n’y a pas de mauvais temps mais que de mauvais équipement, Jérôme Sorrel enfourche son vélo quotidiennement, quelle que soit la météo. Chaque semaine, il anime Rayons Libres, sur la radio Cause Commune, une émission qui pare de celles et ceux qui font le vélo d’aujourd’hui. Ce printemps, il sort la deuxième édition de son ouvrage Vélotaf : mode d’emploi du vélo au quotidien aux éditions Alternatives.
Chérie : Le printemps est là. Beaucoup de nos auditeurs et de nos auditrices ont envie de se remettre en selle, voire d’acquérir un nouveau vélo. A quoi doivent-ils et elles penser ?
Jérôme Sorrel : La première question c’est : est-ce qu’on veut avoir un vélo électrique ou musculaire ? On se rend très vite compte que pour des trajets de 5 à 10 kilomètres, un vélo musculaire est amplement suffisant. Autre question : puis-je faire réparer le vélo que j’ai acheté chez le vendeur ? C’est important d'opter pour du durable et de savoir que des pièces de rechange seront vite disponibles.
Chérie : Au niveau des matériaux, que privilégie-t-on ?
Jérôme Sorrel : Pour un usage quotidien, les deux matériaux les plus sollicités sont l’acier ou l’aluminium. L’alu, c’est un bon compromis entre solidité/poids/prix. Quant à l’acier, c’est le vélo de papy… mais de nombreux fabricants y reviennent. C’est inusable, sauf s’il passe par la plage, étant sujet à la corrosion. Comme pour tout, il ne faut pas hésiter à mettre le prix pour avoir de la qualité. Demandez-vous aussi des choses très pratiques du genre : doit-il pouvoir rentrer dans un ascenseur, être porté dans un escalier, quel usage en ferai-je… toutes ces questions permettront au vendeur de vous aiguiller parfaitement quant au vélo qu’il vous faut. Et puis n’oubliez pas de prendre un vélo que vous trouvez beau ! Ce sera votre allié quotidien, alors autant aussi miser sur l’esthétique.
Chérie : J’ai envie de remonter en selle mais rouler en ville, je le sens pas trop… Comment je fais alors ?
Jérôme Sorrel : C’est important de se dire que si vous achetez le vélo le samedi, ce n’est pas pour commencer bille en tête le lundi. D’abord, vous le testez le weekend. Vous faites des repérages au niveau de l’itinéraire. Vous montez un peu dans le trafic en semaine… et puis surtout, vous êtes curieux ! L’idée avec le vélo n’est pas de faire au plus court et au plus efficace comme en voiture, mais de voir le trajet le plus sécure et le plus plaisant. A une époque, j’avais 16 kilomètres à faire jusqu’à mon travail. A la place j’en faisais 22. Au final, mon trajet prenait 5 minutes de plus, mais hors du trafic et des grands axes, il était nettement plus plaisant.
Chérie : Y a-t-il des dangers qu’on peut facilement éviter ?
Jérôme Sorrel : Déjà ne jamais se mettre dans les angles morts, fuir les camions comme la peste, se montrer toujours bien visible. Ne pas écouter de musique et surtout, prendre son temps en gardant les yeux partout. Quant à la crainte qu’on vous vole votre vélo : investir dans un bon cadenas est essentiel et puis un truc tout bête : collez des autocollants un peu partout sur votre deux-roues. Ca découragera le voleur… il devra le laver, tout décoller... avant de le revendre sur le net. Et si revente il y a, vous le reconnaitrez. Enfin n’hésitez pas à changer votre vélo régulièrement de place si vous avez tendance à l’accrocher au même endroit, histoire qu’il n’y a pas de repérage.
Vélotaf : mode d'emploi au quotidien par Jérôme Sorrel et Eve Coston (à l'illustration), aux éditions Alternatives.