Chérie : Olivier Laurent, cela fait des années que vous chantez Brel sur scène. Des années plus tard, l’émotion est toujours intacte ?
Olivier Laurent : Elle est encore plus forte. J’ai encore travaillé mon spectacle. Aujourd’hui je suis tellement dans le personnage qu’il se passe un truc. Chaque soir, je joue différement. La chanson qui envoie énormément d’émotion, c’est "Ne me quitte pas". Je crois que je ne l’ai jamais chantée deux fois de la même façon : mes musiciens me le disent à chaque fois. Cela change en fonction de mes sentiments du jour, de mon humeur…
Chérie : Vous avez toujours aimé chanté ?
Olivier Laurent : Oui, j’ai toujours adoré ça.
Chérie : Et vous vous souvenez du jour le grand Jacques vous a, en quelque sorte, "appelé" ?
Olivier Laurent : Absolument. J’étais tout petit. Je voyais mon grand-père regarder ses prestations sur des cassettes. Moi, je coupais le son. Je voyais cet homme, avec ses mains… il transpirait. Il avait une émotion incroyable. Et moi, je chantais par-dessus. Puis un jour, j’ai mis le son. Et ça a été le déclic.
Vous vous êtes dit : je vais chanter Brel ?
Olivier Laurent : Au départ je n’ai jamais osé vraiment le faire… Mais une fois, dans un de mes spectacles, j’ai parodié "Ces gens-là" pour transformer la chanson en "Ces ministres-là". A partir de là, plusieurs personnes m’ont dit : "tu dois faire un spectacle sur Brel !". J’ai fini par les écouter. J’ai commencé à m’y atteler, il y a très longtemps. Mais selon moi, y’avait un truc qui n’allait pas…
Chérie : Qu’est-ce qui clochait ?
Olivier Laurent : Je pense qu’il faut avoir la maturité, avoir vécu des choses, positives ou négatives pour pouvoir chanter Brel. Pour pouvoir sentir ses chansons. Si on ne croit pas à ce qu’on dit, ça ne passera pas. Et quand j’ai commencé, je n’étais pas prêt.
Chérie : Aujourd’hui, plus que jamais, prêt, vous l’êtes !
Olivier Laurent : Oui, j’ai repris réellement mon interprétation il y a 5 ans et je n’en aurai jamais marre. Parfois j’ai l’impression de le connaitre alors que je ne l’ai jamais vu de ma vie. Une fois que je me mets mon costume, je suis quelqu’un d’autre. Je vois le grand Jacques devant moi. Pour moi, ce spectacle, c’est un devoir de mémoire. C’est très important ! Et mon souhait, c’est de le chanter dans les écoles. Découvrir un texte c’est une chose, et le voir interprété, c’en est une autre. J’aimerais beaucoup tenter l’expérience.
Chérie : Après des années interprétation et le covid qui a mis le secteur culturel à l’arrêt, vous remontez sur scène. Avec un spectacle différent ?
Olivier Laurent : Oui on a attaqué de nouvelles chansons. Aujourd’hui j’ai 4 musiciens à la place de 2. Il y aura aussi une belle surprise et puis on a retravaillé les lumières. Je voulais une lumière blanc chaud, à l’ancienne, pour retrouver l’esprit des années 60’. Je pense que la crise du covid m’a vraiment fait comprendre à quel point la scène, c’est ma vie. Et je crois qu’aujourd’hui je donne encore plus.
Brel ! Le spectacle : samedi 11 décembre 2021 au Théâtre Royal de Mons, dimanche 12 décembre 2021 à 15h au Théâtre du Trocadéro à Liège et dimanche 22 mai 2022 au Cirque Royal à Bruxelles.